J’ai des gnocchis à préparer mais l’hôtel ne peut pas me les préparer ce matin car la cuisine n’est pas encore ouverte à 6h30. J’utilise la théière de la chambre et cela fonctionne plutôt bien! J’ai fais un cauchemar cette nuit, j’ai rêvé que je courrais le marathon et qu’au km 35 je réalisais que j’avais oublié de mettre mon dossard. Je prends une douche froide, me masse les jambes puis prend la ligne 1 du métro jusqu’à Plaça Espanya. Je me place dans le SAS de départ « – de 3h » et réalise des gammes d’éveil musculaire. Je discute avec les coureurs autour en cherchant un potentiel partenaire d’allure, la plupart visent 2h55, je ne suis pas suffisamment bien placé mais ce n’est pas grave. La température est idéale et je démarre ma playlist de 2h40, l’objectif de la matinée étant de terminer avant que celle-ci ne se termine.
Pour bien démarrer, un 🥁 « It’s Alright » de Mother Mother passe super bien. Les confettis sont lancés, je zigzag entre des coureurs – accélére pour dépasser un grand groupe et après m’être bien positionné je regarde ma montre, 2 km, allure moyenne 3’28 / km. Je suis parti vite, bien au dessus de la moyenne que je me suis fixé à 3’45 / km. Je me sens bien malgré la vitesse, je demande avec mon anglais accent français à un coureur quel temps il vise, il me répond « 2h40 » ; un autre coureur entend que nous parlons en français et il nous dit que l’on est parti un peu vite pour 2h40 🙂 Je lui demande combien il aimerait faire et il me dit « 2h33 ce serait top ». Je réfléchis et je me dis que je vais profiter du fait que je me sens bien pour faire quelques kilomètres avec lui. Il vient de Corte en Corse, j’apprendrai après la course qu’il a battu le record d’un fameux ultra traileur pour la traversée de la Corse via le GR20 – puis il s’est fait battre à nouveau par un autre ultra traileur quelques mois après. Au KM 7.5 je prends mon premier gel et un coureur sans dossard se joint à nous deux, il a vu que je portais le maillot de Monaco et donc nous demande en français combien on souhaiterait faire, je lui dit « 2h38 ce serait bien mais j’ai les jambes aujourd’hui donc pourquoi pas moins ». Il s’appelle Simon et s’entraîne pour le marathon de Rotterdam, il va me tenir compagnie pendant une bonne partie du marathon, un vrai support moral. Au KM 10 je regarde ma montre « 35 min 56 secondes » et je me dis « Bon sang, Laurent (coach ASM Athlétisme) va me tuer d’être parti aussi vite » 😅. Vers le KM 12 je passe devant la Sagrada Famiglia, c’est tellement beau et vu que je ne ressens pour l’instant aucune gêne, je prends le temps de bien l’observer. Puisque je suis parti aussi vite et puisque je me sens aussi bien, je me dis que je vais continuer jusqu’au KM 21 à cette allure; cela me donnera une marge de manoeuvre plus grande sur la seconde partie pour réaliser mon 2h38. Vers le KM 18 je sens que ça monte, je demande à un autre coureur que l’on se relaye 1 KM chacun – il accepte et on réussit à rejoindre un petit groupe au KM 21. Je me rappelle que le dénivélé est légèrement descendant entre le KM 21 et 25, je reste bien protégé dans ce groupe et continue à suivre ma stratégie d’alimentation: 1 gel toutes les 20 minutes et quelques gorgées d’eau tous les 2.5 KM. Vers le KM 27, le groupe commence à s’élonger. Je regarde ma montre et je me dis qu’il faudrait que j’arrive le plus proche des 33 KM à 2h de course afin de n’avoir que 9 KM à parcourir en 37 minutes. J’accélère légèrement en entendant 🎸 « Could Have Been Me » de The Struts vers le KM 29 – je sais que j’approche de la plage et qu’il y aura probablement du vent. J’arrive donc près de la côte et il y a effectivement du vent – je serre les dents et recherche du regard des drapeaux afin de savoir si il est contre ou avec moi. Je vois des drapeaux pointer vers la mer, j’en conclue un vent venant à peu près du Nord, je sais que je vais vers le Sud-Ouest à cette partie de la course pendant les 3 prochains KM et me réjouis donc qu’il est avec moi aujourd’hui. Au KM 32.5 je bois et m’asperge la tête et les jambes. Celles-ci commencent à ressentir la fatigue musculaire ; je m’accroche visuellement à un coureur devant moi qui a un tatouage ironman sur son mollet et je me rassure en me disant qu’il ne me reste que 9 KM à parcourir. Au KM 35 je vérifie si j’ai bien toujours le dossard sur moi.
Je ne me souviens plus trop de la fin de la course après être passé sous l’arche de l’arc de triomphe près du parc de la Ciutadella, je sais juste qu’il y avait de longues avenues et que je me suis interdit de regarder ma montre après le dernier gel prit au KM 37. Je monte une avenue ombragée et je sens que celle-ci est montante, serais-ce la dernière montée que j’avais vu sur le profil de la course? Je regarde ma montre et je lis 2h33:35 – 42.6 KM. J’ai bien fait de ne pas me baser sur la distance affichée sur la montre mais sur les panneaux au bord de la route, cela m’avait coûté 3 minutes il y a deux ans. Il reste environ 500m, mes jambes râlent, je les tappotes et leur dis merci et je leur demande de tenir le coup. Je vois les 2 tours ⛩ de la place et la foule, j’enlève ma casquette et savoure les 200 derniers mètres seul. Une fois la ligne franchie, soulagement. Je tape amicalement l’épaule d’un coureur pour le féliciter, il me tend la main – c’est Marcel Zamora, un de meilleurs triathlètes des 10 dernières années. Il finit 14 secondes devant moi. Je me dis « Bon sang j’ai fini derrière Zamora! » Je retourne lui serrer la main une seconde fois pour deux raisons: vérifier que je ne rêve pas et parce que je me dis que cela va me porter chance pour la suite 🍀.
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